Contrairement aux alternances de 2000 et 2012, la nouvelle opposition risque d’éprouver des difficultés à se constituer face au régime Diomaye, entre vents de ralliement, crise au sein de Benno et nécessaire recomposition de la classe politique
Contrairement au contexte des deux premières alternances politiques survenues en 2000 et en 2012, où le nouveau président élu, aussitôt après son installation, avait en face de lui une opposition reconstituée pour l’essentiel autour de l’ancien parti au pouvoir, l’actuel régime du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pourrait ne pas connaitre de sitôt la pression d’une opposition politique reconstituée. Les crises de leadership interne au sein de coalition Benno Bokk Yakaar et l’éventualité de la réunification de la grande coalition Yewwi askan wi, avec à la clé la relance de l’inter-coalition Yewwi-Wallu, sont autant de défis qui pourraient refroidir pour un temps les activités de la nouvelle opposition.
Quelle opposition face au nouveau régime incarné par le parti Pastef et ses alliés de la coalition Diomaye président ? La question mérite bien d’être posée au regard des défis qui se dressent sur le chemin de l’ancienne coalition au pouvoir. En effet, contrairement au contexte des deux premières alternances politiques, survenues en 2000 et en 2012, et où le nouveau président élu, aussitôt après son installation, avait en face de lui une opposition reconstituée pour l’essentiel autour de l’ancien parti au pouvoir, l’actuel régime du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pourrait ne pas connaitre de sitôt une telle pression à cause justement de ces défis qui attendent la nouvelle opposition. Parmi ces défis , nous pouvons citer entre autres, l’éventualité d’un ralliement des anciens candidats malheureux à cette élection présidentielle issus du bloc Yewwi askan wi à la coalition « Diomaye président », conformément à leur engagement commun dans la charte de cette principale coalition d’opposition à l’ancien président Macky Sall pour une candidature plurielle au premier tour de la présidentielle et un regroupement de ses leaders autour du candidat admis au second tour de cette présidentielle.
Ce vent de ralliement pourrait également toucher le Parti démocratique sénégalais (Pds), locomotive de la coalition Wallu, qui est lié à Yewwi dans le cadre de l’inter-coalition. Il faut dire que la réalisation d’un regroupement de ces coalitions autour de l’actuel chef d’état pourrait négativement impacter les activités de l’opposition. Cela est d’autant plus évident que l’ancienne coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar, fait déjà face à une crise de leadership. Désigné candidat par le président sortant, Macky Sall, l’ancien Premier ministre qui est classé deuxième à l’issue de cette élection présidentielle avec 35,79 % des voix, qui devrait incontestablement incarner le statut de chef de l’opposition et celui de nouveau leader de Benno, fait plutôt face à une farouche résistance de la part de certains de ses camarades de parti qui ne semblent pas être dans les dispositions de lui faciliter les choses. Ce vent de rébellion contre l’ancien chef du gouvernement traduit la gestion opaque de l’ancien parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr) et de la coalition Benno Bokk Yakaar par le président Macky Sall au cours de ses douze ans d’exercice de pouvoir. Laquelle gestion se traduit par l’absence d’une politique de promotion de leadership interne mais aussi de liquidation de tout élan d’émancipation.
Conséquence : l’Apr semble prendre le chemin de sortie du pouvoir différent de celui qu’avaient emprunté ses prédécesseurs, notamment le Parti socialiste et le Parti démocratique sénégalais qui n’avaient pas perdu du temps à remobiliser leurs troupes après la perte du pouvoir du fait des problèmes internes qui risquent même de créer son implosion.
En plus de cette division au sein de l’Alliance pour la République (Apr), l’autre défi qui se dresse sur la route de cette nouvelle opposition avec cette élection du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est la recomposition de la classe politique et/ou l’alternance générationnelle. En effet, qu’on le dise ou pas, plusieurs responsables politiques qui s’accrochaient à leur poste au niveau de leur formation politique seront contraints à la retraite forcée. Du Parti socialiste à l’Alliance des forces de progrès (Afp) en passant par les deux tendances de Aj/Pads, le Rewmi, la Ligue démocratique (Ld) ou encore le Parti de l’indépendance pour le travail (Pit), des leaders de toutes ces formations dite traditionnelles devront se conformer au vent d’alternance générationnelle qui a secoué l’appareil étatique avec cette élection du président Diomaye âgé seulement de 44 ans.
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