Le débat sur l’exploitation des enfants refait surface au Tribunal de Grande Instance de Saint-Louis. En effet, D. Sall, assistant du maître coranique S. Sall, a été condamné à une peine de deux mois ferme pour coups et blessures volontaires ayant occasionné une Itt de soixante jours. Quant au maître coranique S. Sall, il a été condamné à une amende de 100 000 FCfa, pour exploitation de mineurs.
Mais, ce dernier qui avait bénéficié d’une liberté provisoire, a pris la fuite. Depuis, il s’est fondu dans la nature. Dans la matinée du 29 septembre 2022, A. Sarr, habitant l’Île, a trouvé deux talibés dans un piteux état, à savoir, les nommés D. Sy et son condisciple A. Sow. C’est ainsi qu’il s’est rapproché d’eux pour leur demander qu’est-ce qui justifie leur état physique du moment. Le nommé D. Sy, âgé de sept ans, informe A. Sarr qu’ils sont des talibés dans un daara au quartier Nord.
Il poursuit en signifiant au sieur que c’est au cours d’une séance d’apprentissage du Coran, qu’il a été battu par son encadreur. A cet effet, tout son corps lui fait mal. A. Sarr juge l’état des enfants très dégradé et décide de les amener à l’hôpital de Saint-Louis. Une fois dans la structure hospitalière, les blouses blanches font savoir au bienfaiteur qu’ils ne peuvent prendre en charge les enfants, qu’après avoir obtenu l’autorisation du Commissaire de l’Île.
Ainsi, les deux talibés sont conduits de facto au commissariat de l’Île, où ils ont été entendus. D’après D. Sy, c’est le nommé D. Sall qui lui a fait passer un sale quart d’heure dans la journée du 29 septembre 2022. Il affirme que ce dernier lui a demandé de réciter une leçon qu’il apprenait depuis trois jours. Après cela, D. Sall a invité D. Sy à venir restituer la leçon. Après plusieurs blocages lors de la récitation, D. Sall s’est mis dans tous ses états et décide de corriger D. Sy à sa manière. C’est à cette occasion qu’il a roué de coups D. Sy, à l’aide d’une tablette «aliweu». C’est en essayant d’esquiver les coups que D.Sall a frappé D.Sy au niveau du genou droit. Après l’examen médical, D. Sy souffre d’une fracture d’un os du genou droit, nécessitant une immobilisation.
Durant l’audition au commissariat, A. Sow et D. Sy soutiennent tous que le maître coranique leur demande un versement journalier de 500 FCfa. Parfois, ils sont corrigés si le versement n’est pas au complet. Pour se tirer d’affaire, S. Sall donne un alibi. «Le jour des faits, je faisais une marche et j’avais laissé D. Sall seul avec les enfants. C’est après qu’un de mes anciens talibés est venu me déclarer que D. Sy a été blessé et acheminé à l’hôpital par les policiers. C’est comme cela que j’ai appris la triste nouvelle», selon le maître coranique.
Il reconnaît, par ailleurs, que les talibés faisaient un versement journalier de 500 FCfa.Toutefois,il soutient que c’est un autre encadreur du daara qui se chargeait de cela. Dans sa plaidoirie, l’avocate de D. Sall a sollicité la clémence du tribunal, car son client est un jeune qui a le sang chaud. En plus, il n’a pas su avoir la maîtrise nécessaire pour éviter une telle situation. Selon l’avocate, D. Sall n’a pas frappé D. Sy par méchanceté, mais pour lui donner une petite correction. A cet effet, elle demande une application bienveillante de la loi, car son client est un jeune de 18 ans, qui mérite une seconde chance.
«Est-ce qu’on te traitait ainsi lorsque tu étais au daara», demande le Procureur à D. Sall. Ce dernier répond par la négative. «Donc, pourquoi tu maltraites les jeunes talibés», demande à nouveau le parquetier. «C’est une erreur que je ne referai plus. Jen ’avais pas l’intention de blesser D. Sy. C’est un accident que je regrette», explique D. Sall.
Dans son réquisitoire, le Procureur avait requis une application de la loi dans toute sa rigueur. Et pour le nommé S. Sall, maître coranique, le Procureur avait requis une amende de 100 000 FCfa, pour exploitation de mineurs.
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