Le président de Pastef a sollicité le dirigeant bissau-guinéen, du fait de sa proximité avec Macky Sall. Sonko souhaiterait obtenir l’arrêt des poursuites dans le dossier l’opposant à Adji Sarr. Et il avait promis d’aider à faciliter les choses à Emballo par rapport à son opposition. Mais tout ne semble pas avoir évolué selon ses désirs.
L’histoire de l’audience accordée par le Président bissau-guinéen Emballo au leader du parti Pastef/Les Patriotes, ne se résume pas qu’à savoir qui a été à la base de la rencontre, ce à quoi la polémique suscitée par les vaines dénégations du vénérable Alioune Tine a voulu la réduire. Ce qui est plus intéressant, c’est plutôt la teneur des échanges entre les deux hommes. Le Quotidien a pu apprendre qu’ils ont échangé aussi bien sur les questions de politique intérieure bissau-guinéenne que de la situation personnelle du leader de Yewwi askan wi (Yaw).
Pour son entrevue avec le Président Emballo, Ousmane Sonko a été accompagné par quelques-uns de ses fidèles, parmi lesquels on a noté Abasse Fall, El Hadj Malick Ndiaye et Bassirou Diomaye Faye, entre autres. Après les échanges de politesses, les membres de la délégation de Pastef sont sortis de la pièce, pour laisser leur chef en tête-à-tête avec le dirigeant bissau-guinéen.
C’est alors que Sonko a indiqué sa requête, qu’il a présentée comme un échange de bons procédés. Il s’agissait, concrètement, d’obtenir le soutien de Emballo pour faire avancer son dossier auprès de Macky Sall, à charge pour lui de faciliter les choses à son interlocuteur du côté de Bissau. Il est de notorité publique que Ousmane Sonko est très lié à l’opposant Domingos Simoes Pereira, président du Paigc, et de facto chef de l’opposition bissau-guinéenne.
Le deal proposé par le maire de Ziguinchor est que le président de la Cedeao intercède en sa faveur auprès de Macky Sall dont tout le monde connaît les bonnes relations avec Emballo. Il s’agit, précisément, de garantir à Ousmane Sonko un non-lieu dans l’affaire de la plainte de Adji Sarr pour viol et menaces. Un non-lieu également pour la dame Khady Ndiaye, dans la même affaire. De même, Sonko souhaiterait obtenir la libération de tous les membres de Pastef actuellement emprisonnés. En contrepartie, le leader de Pastef se faisait fort d’obtenir de son ami Domingos Simoes Pereira, un apaisement de la tension politique à Bissau, et même, pourquoi pas, un exil partiel en Europe, à Lisbonne, ou même dans une autre capitale de son choix.
Umaru Cissoko Emballo a religieusement écouté son interlocuteur, mais n’a pas voulu prendre d’engagements sur la réponse que Macky Sall aurait donnée aux requêtes de son adversaire politique. Ce qui, on peut le dire aujourd’hui, a été une bonne chose, parce qu’il se dit, dans l’entourage du Président, que ce dernier n’a donné qu’une moue méprisante aux demandes du Patriote en chef.
Ce dernier non plus de son côté, n’a pas eu plus de chance du côté de Bissau. Des personnes bien informées disent que son allié Pereira serait entré dans une colère noire face à ce qu’il a estimé être un coup de poignard dans le dos. Il n’a pas apprécié que son ami Sonko ait pu rencontrer son adversaire politique à son insu, et soit même allé négocier en son nom, pour l’en informer a posteriori. Il a bien entendu, rejeté toute idée d’accord, et assurent les mêmes personnes, il a depuis lors, refusé de prendre Ousmane Sonko au téléphone.
Or, les deux nouveaux partenaires avaient convenu de se retrouver au courant de ce mois, à Dakar, pour faire le point. En l’état actuel des choses, ils ne devraient pas avoir, l’un et l’autre, beaucoup de choses à se dire.
Seule consolation pour le «Doyen» Alioune Tine, son intermédiation a elle, porté ses fruits, parce que maintenant les deux protagonistes n’ont plus besoin de lui pour communiquer.
Avec le Quotidien
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