Lamine Ndiaye peut s’estimer heureux d’être un mineur. Sinon, il aurait sûrement passé les prochaines années de sa vie en prison. Cet adolescent de 17 ans a volé six chèques de son père, Matar Ndiaye, pour 4,9 millions de francs CFA, et des bijoux en or d’une valeur de 35 millions au préjudice de sa mère.
Mais hier, lundi, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, ce sont ses complices et le receleur qui ont payé à sa place. Ces derniers ont été condamnés à de la prison ferme pour escroquerie, complicité de vol, faux sur un chèque, usurpation d’identité, usage de chèques volés et recel.
Les deux complices sont Abdou Aziz Ba, 23 ans, et Mamadou Bocar Ndiaye, 22 ans. Le premier a écopé de deux ans dont six mois ferme. Le deuxième a été condamné à trois mois ferme, la même peine que le bijoutier receleur, Hamidou Hann.
A la barre, ces derniers ont nié les faits qui leur sont reprochés. Mécanicien de son état, Abdou Aziz Ba a affirmé n’avoir pas touché les chèques en question ni mis les pieds dans une banque pour les retirer. Il jure que c’est sous la torture qu’il a reconnu les faits à l’enquête préliminaire.
Mamadou Bocar Ndiaye affirme le contraire, même s’il souligne qu’une bonne partie de ses aveux consignés sur PV ont été livrés sous la contrainte. Il rembobine : «Dans la nuit du 13 au 14 août, Lamine Ndiaye m’a donné quatre chèques de la Banque Atlantique que j’ai remis à Abdou Aziz Ba. Au préalable, il m’avait parlé de son plan, mais j’ai essayé de le dissuader.»
Le bijoutier pour sa part a juré qu’il ne connaît les mis en cause ni d’Adam ni d’Eve. Pourtant, Lamine Ndiaye a déclaré lui avoir vendu à 1,5 million de francs CFA une partie des bijoux qu’il a volés à sa mère.
D’après l’accusation, reprise dans L’Observateur et Enquête de ce mardi, Lamine Ndiaye a commencé à voler à ses parents en 2021. Il avait 16 ans.
Pour utiliser les chèques, il a imité la signature de son père et volé sa puce de téléphone. Il ne lui manquait qu’une pièce d’identité. Il sera servi lors d’une balade avec ses amis au bord de la plage. Ce jour-là, le groupe ramasse la pièce d’un certain Diomaye Faye. Ils l’utilisent à quatre reprises pour des retraits.
C’est lors de la cinquième opération qu’ils seront pris. La caissière émet des réserves à propos de la pièce d’identité présentée par les mis en cause. Pour en avoir le cœur net, elle essaie de joindre le père de Lamine Ndiaye, un habitué de sa caisse. Dès que l’appel est parti, le téléphone de l’adolescent sonne. Sentant que les carottes sont cuites, les trois amis tentent de fuir. Ils sont rattrapés par les vigiles de la banque.
Informé, le père de Lamine Ndiaye porte plainte à la Sûreté urbaine. Les complices et le receleur paieront cher, mais son fils, le voleur de chèques et de bijoux, sera épargné.
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